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La Société d’Enseignement par les projections lumineuses

Posté par Patrice Guerin le 27 février 2014

A la suite de la conférence organisée par le ministère de l’Instruction Publique à la Sorbonne, le 30 mars 1880, G. SERRURIER et H. JARDIN fondent au Havre, le 21 décembre 1880, la “Société d’Enseignement par les Projections Lumineuses” dite “Société d’initiative pour la propagation de l’Enseignement scientifique par l’Aspect”.

Voir : Enseignement par les projections lumineuses MOLTENI et MEUNIER

Le Havre 01

Directeur en 1870 de la première école laïque ouverte au Havre, SERRURIER se fait remarquer en y créant un musée scolaire, une caisse d’épargne et une bibliothèque pédagogique. Ouvert au progrès scientifique, il est fasciné par les projections lumineuses qui illustrent une conférence de MEUNIER (voir PORTRAITS) au théâtre du Havre. Avec l’appui des autorités, entre autres de Louis LIARD, recteur de l’académie de Caen, mais aussi et surtout des notables républicains telles que le maire du Havre Jules SIEGFRIED (1837-1922) il peut concrétiser son projet. C’est un proche du maire, Henri JARDIN, ancien conseiller municipal, qui prend la présidence de la Société d’Enseignement, SERRURIER se contentant de la vice-présidence.

Le Havre 02  Cercle Franklin – Le Havre

Deux sortes de conférences sont organisées, les unes pour les scolaires, les autres pour les adultes. Soucieux de participer à l’instruction des enfants, les républicains membres du comité directeur de la Société donnent de leur personne, dissertant sur la cosmographie, la zoologie, l’hygiène, les sciences naturelles ou les voyages. Mais les conférences ne sont pas toujours à la portée des enfants et la bonne volonté ne peut suppléer à un minimum de savoir-faire pédagogique. Au bout d’un an, on fait appel à des instituteurs adjoints et, plutôt que de regrouper les enfants dans la salle du Cercle Franklin ou la salle Sainte-Cécile, on introduit les projections dans les écoles elles-mêmes.

Voir : L’arrivée des CONFERENCES ILLUSTREES à l’école, d’après René LEBLANC

Catalogue de collections de vues prtŽes gratuitement aux Žcoles

Les moyens d’action de cette association sont d’une part la publication d’un bulletin, de mémoires divers et, au besoin, d’une feuille périodique et, d’autre part, les prêts gratuits de collections de vues sur verre appartenant à la Société pour des conférences scolaires et publiques. Dans certains cas, elle peut mettre à disposition des appareils et accessoires et participe à des expositions, prix et récompenses, etc. « L’achat des appareils, la confection des vues et les frais de conférences ont occasionné une dépense de 90 000 frs » au dire de monsieur JARDIN en 1894.

Catalogue de collections de vues prtŽes gratuitement aux Žcoles

Cette Société d’enseignement reçoit une médaille d’or à l’Exposition Universelle de Paris en 1889, dans le cadre de l’Instruction Elémentaire. Elle est reconnue d’utilité publique par décret du 14 décembre 1892, et publie un catalogue de ses collections de vues en 1894. « Notre société d’Enseignement existant depuis 1880, on trouvera peut-être étonnant que nous ayons attendu jusqu’à ce jour pour dresser ce catalogue des vues qu’elle met gratuitement à la disposition des écoles et des sociétés d’instruction. C’est a dessein que nous avons retardé ce travail, ne voulant pas l’entreprendre sans avoir acquis, par un long usage des photographies sur verre, une connaissance suffisante qui nous permit de lui donner un caractère essentiellement pratique ». Il fallut aussi que les fabricants d’appareils tels que MOLTENI et LAVERNE créent des appareils satisfaisant pour l’enseignement et rassemblent des collections de vues suffisamment complètes et variées.

Catalogue de collections de vues prtŽes gratuitement aux Žcoles

Voir : Lanternes de projection scolaires à deux usages LAVERNE

La collection de vues est composée d’un stock approchant les 10 000 photographies sur verre lors de l’édition du catalogue. « La moyenne des prêts qui était de 218 en 1883, de 595 en 1891 et de 900 en 1893 a été, du 1er octobre 1894 au 1er avril 1895 de 2 134, soit une moyenne de 356 prêts par mois pour des séries moyennes de 25 vues et une durée moyenne de quinze jours par prêt. Celles-ci ont servi, dans les conférences publiques à instruire et à moraliser les populations et, dans les écoles, à réviser de nombreuses leçons sur l’histoire et la géographie, ainsi qu’à procurer aux élèves des connaissances élémentaires sur les sciences et principalement l’histoire naturelle, la physique et la chimie ». Il est même précisé que « l’attrait des conférences est augmenté par l’emploi de vues colorisées et de tableaux mécanisés pour le démonstration de phénomènes naturels tels que arc-en-ciel, marche des comètes, éruption d’un volcan, etc. ».

Le Havre 06  Le Havre 07  Boite d’expédition de vues (ancienne boîte de la Cie Française des Chocolats et des Thés à Paris), adressée à monsieur Perri… instituteur à Rotisses en gare à st Laurent – 25 février 1897

Les prêts gratuits des collections de vues se sont étendus bien au delà de la ville du Havre et du département de Seine-Maritime. En 1888, la Société fournit 22 départements, 33 en 1891, 62 en 1892 et 80 en 1894 « allant jusqu’en Belgique, en Suisse, en Algérie et même en Amérique… A la Nouvelle-Orléans, un ami des écoles, monsieur MILTON-C. RANDALL, a sollicité auprès de la Société Havraise de l’Enseignement par l’aspect l’envoi de trois appareils. » Cette croissance est devenue tellement importante que cette Société, ainsi que la Ligue française de l’Enseignement et la Société Nationale des Conférences Populaires ont été débordées par les demandes de prêt.

Voir : La Ligue de l’Enseignement et l’Education Populaire - Aux origines des syndicats et de l’Enseignement Populaire

 Le Havre argent R°  Le Havre argent V°  Le Havre bronze R°  Le Havre bronze V°Médailles d’argent et de bronze données en récompense des services rendus à l’Enseignement par l’Aspect.

« Avec des appareils et des vues d’une exécution irréprochable, à bon marché et faciles à se procurer, les Sociétés se multiplieront et diminueront la tâche de leurs ainées ; les écoles les plus humbles, grâce aux nombreux bienfaiteurs de l’instruction populaire, suivront elles-mêmes le mouvement et l’enseignement par les projections lumineuses, nous l’espérons, sera assuré pour toujours » déclaration signée par G. SERRURIER, vice-président fondateur de la Société d’Enseignement par les Projections Lumineuses.

Voir : La Société Nationale des Conférences Populaires

SOURCES :
– Catalogue de la Société d’Enseignement par les projections lumineuses, c/° Gallica
“Les républicains du Havre au XIXe siècle”, par Pierre Ardaillou – Publication des Universités de Rouen et du Havre 1999.

 

 

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L’arrivée des CONFERENCES ILLUSTREES à l’école, d’après René LEBLANC

Posté par Patrice Guerin le 24 février 2014

Le texte ci-dessous, paru en 1904, annonce l’arrivée des Conférences Illustrées dans les écoles et les collèges, en concluant que c’est « une vérité durable ». Où en est-t-on un siècle plus tard, à l’ère du numérique et de l’image omni-présente ?

Leblanc 01   Le Journal du Dimanche 31 janvier 1904 – Source : Gallica

Ceux que naguère – il y a déjà dix ans – l’on appelait des « montreurs de lanternes magiques » triomphent à l’heure actuelle. Dans les faubourgs des villes, aux villages, aux hameaux, aux cours du soir, aux patronages, aux associations, dans toute cette France post-scolaire qui de jour en jour élargit son action, la “lanterne magique”, la “pièce curieuse” a conquis droit d’entrée, champ de rayonnement. « Dans les écoles nombreuses, il y a économie de temps à réunir, pour la même leçon, les élèves des classes d’un même cours. Dans les écoles qui ne contiennent qu’une classe par cours, ou dans les écoles à un seul maître, les leçons de révision peuvent s’adresser en même temps aux élèves de différents cours. Pour les adultes, nous conseillons une causerie illustrée par semaine. Dans les campagnes elles se font généralement le dimanche. » G. SERRURIER, vice-président fondateur de la Société d’Enseignement par les Projections Lumineuses du Havre.

Voir : La Société d’Enseignement par les projections lumineuses - La Société Nationale des Conférences Populaires

Leblanc 07  Salle de projection de la Ligue Patriotique contre l’alcoolisme « Ta Parole est Lumière”

C’est à la clarté des vues projetées sur l’écran que le savoir s’affirme, que les préjugés s’enfuient. La conférence illustrée renseigne les auditoires populaires sur les inventions, les explorations. Elle est l’histoire, la géographie vue, parlée. Elle complète le journal, le commente, le développe. Elle remplace la veillée où jadis on contait des légendes, sous le manteau des antiques cheminées. Elle est une manière de théâtre où l’on joue des revues d’actualité toujours rafraichie et renouvelée…

Leblanc 03  Les Projections Lumineuses – René LEBLANC 1904

Dans son livre intitulé “Les projections Lumineuses”, monsieur René LEBLANC (voir PORTRAITS), inspecteur général de l’Instruction Publique, donne des détails intéressants sur la diffusion des conférences illustrées : « On resterait sans doute en dessous de la vérité en évaluant à dix mille le nombre des appareils acquis en France, depuis 1890, par les communes, les sociétés d’enseignement, les instituteurs, et, en général, les bienfaiteurs des œuvres post-scolaires. En ces dix dernières années (1894-1903), la Ligue française de l’Enseignement, à elle seule, a fourni plus de trois mille lanternes pour projections à ses adhérents. »

Voir : La Ligue de l’Enseignement et l’Education Populaire

Leblanc 04

Monsieur René LEBLANC prévoit l’introduction des la “lanterne magique” dans l’école du jour, où elle deviendra l’auxiliaire de la démonstration orale. Et, au moment ou il lance cette idée, il se trouve qu’un professeur qui enseigne l’histoire au lycée Hoche à Versailles, monsieur Paul DESPIQUES, déclare dans un article de la “Revue Universitaire” que l’enseignement par l’aspect s’impose dans les établissements secondaires.

Après avoir parlé des images murales, des albums, dont il souligne l’utilité, monsieur DESPIQUES démontre qu’il faut que l‘élève ne se contente pas de voir, mais apprenne à regarder : « L’image, dit-il, doit être vue en commun par la maitre et les élèves, elle doit servir comme un texte précis à l’enseignement, comme un grand livre ouvert aux yeux de tous, et, à mon avis, le feuillet de ce grand livre est la projection lumineuse.

Elle est d’un usage très répandu dans les œuvres post-scolaires où elle fait merveille. Les maitres de l’enseignement populaire ont compris, en effet,  qu’en allant au peuple, ils s’adressaient à des grands enfants et qu’il fallait à leur usage, en de si coutres réunions, des méthodes vives et agissantes, parlant le plus souvent à côté de la lanterne à projections. Le village s’est cotisé pour l’achat de l’appareil… Je voudrais cette lanterne à projections installée au lysée. »

Leblanc 05  Amphithéâtre de la Sorbonne – Voir : Projection et amphithéâtres

Monsieur Paul DESPIQUES ajoute : « Je voudrais dans un coin de la classe, près de la chaire, l’écran en permanence au mur, des volets mobiles aux fenêtres pour faire la nuit en plein jour, l’appareil à côté dans une armoire ou un cabinet, toujours préparé, les collections de vues constituées comme une bibliothèque. Les séances de projections ne seraient pas des accidents trimestriels comme elles l’ont été presque partout où il y a eu des essais. Elles pourraient être mensuelles, bi-mensuelles, l’une pour l’histoire, l’autre pour la géographie. Elles feraient partie de la classe, elles seraient une révision rapide du cours, car, en dehors des heures de classe, pouvons-nous nous flatter de fixer l’attention des jeunes enfants, avides de grand air, de mouvements et de jeu ? Enfin, dernier avantage, la lanterne à projections pourrait fournir au maitre des éléments scientifiques par la représentation exacte de la vérité simple, méthodiquement exposée. »

Leblanc 06  Conférence illustrée sur Benvenuto CELLINI – Revue Après l’Ecole septembre 1901

Voir : APRES L’ECOLE : revue éditée par la librairie E. CORNELY - Aux origines des syndicats et de l’Enseignement Populaire - Les projections à l’école

Ainsi l’inspecteur général de l’enseignement primaire et le professeur de lycée sont d’accord pour proclamer les mérites de cette “lanterne magique” qui, il y a dix ans, nous valait épigrammes et quolibets. Ainsi va le train du monde, utopie d’hier, vérité d’aujourd’hui, et vérité durable.

Article signé Edouard PETIT, paru dans “Le Journal du Dimanche” du 31 janvier 1904, rubrique “Semaine Littéraire”. Source : Gallica

 

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