Le cinématographe LUMIERE et la lanterne MOLTENI

Posté par Patrice Guerin le 26 mars 2014

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Depuis 1895, l’invention du Cinématographe par les Frères LUMIERE a fait couler beaucoup d’encre et son centenaire a été largement célébré dans le monde entier. Nous ne referons pas ici, une énième version de cette invention. Tout est écrit dans le brevet pris conjointement par les frères LUMIERE le 13 février 1895.

VOIR : Les films chronophotographiques de MAREY

Lumiere 13  Extrait du brevet n° 245 032 des frères LUMIERE datant du 13 février 1895 – Document INPI

Entre le 13 février et le 28 décembre 1895, date de la première représentation commerciale au Grand Café de Paris, les frères LUMIERE font une dizaine de projections privées pour présenter leur invention. Le succès est à chaque fois considérable : le 11 juin pour le Congrès de photographes à Lyon, le 11 juillet à la Revue générale des sciences à Paris, le 10 novembre devant l’Association belge de photographes, le 16 novembre dans l’Amphithéâtre de la Sorbonne…

Lumiere 14  Extrait du brevet n° 219 350 de Léon BOULY datant du 12 février 1892 – Document INPI

Le terme “Cinématographe” n’a pas été inventé par les frères LUMIERE, mais par Léon BOULY trois ans plus tôt. A l’époque, il existe d’autres procédés tels que le “Théâtre Optique” d’Emile REYNAUD (brevet n°194 482 du 1er décembre 1888), le “Kinetograph” d’EDISON (brevet du 24 août 1891) ou le “Phonoscope” de Georges DEMENY (brevet n° 219 830 du 3 mars 1892).

VOIR : Emile REYNAUD, le Théâtre Optique et les Pantomimes lumineuses - Une visionneuse publique, la lanterne magique électrique

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[ Persuadé que l’invention de ses fils doit être exploitée commercialement, Antoine LUMIERE organise une soirée dans le Salon indien du Grand Café situé 14 boulevard des Capucines à Paris. Il a loué la salle à monsieur VOLPONI, le propriétaire. Ce dernier a cédé son sous-sol pour un an et 30 frs par jour, refusant les 20% sur la recette tant il témoigne peu de confiance dans le succès de l’entreprise. Devant la porte du Salon Indien qui jouxte celle du Grand Café, un homme distribue des prospectus aux passants « Cinématographe Lumière, entrée 1 franc. » ]

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[ Le premier soir 33 personnes seulement payent leur place, juste de quoi rembourser la location de la salle (cliquer ici). Celle-ci contient une centaine de sièges. Le public, auquel se sont joint quelques invités, s’installe et la lumière s’éteint. Sur la toile blanche de l’écran apparaît la projection photographique des portes de l’usine Lumière à Lyon. L’image est fixe « C’est encore un spectacle de lanterne magique » murmure-t-on, déçu. Et tout à coup l’image s’anime… Tout bouge, c’est la vie même, d’une vérité stupéfiante ! ]

Lumiere 17  Réaction du public assistant à une charge de cuirassier

Lumiere 18  Réaction du public assistant au coucher de la parisienne

Georges MELIES, directeur du théâtre ROBERT-HOUDIN, qui fut invité par Louis LUMIERE à assister à son spectacle, raconte très bien ce qu’il a ressenti dans ce témoignage sonore : cliquer ici.

Lumiere 21  Lumiere 22  Lumiere 28  Lanterne et arc électrique BOULADE Frères à Lyon – Photos SVV Argenteuil ©*

[ Lorsque la salle est à nouveau éclairée, Antoine LUMIERE, organisateur de la soirée, recueille les applaudissements les plus mérités. Des curieux parviennent à voir le Cinématographe, caché dans une cabine en velours, à l’abri des regards. C’est Jacques DUCOM, un expert en photographie, qui est chargé de régler la lampe à arc de la lanterne, fabriquée à Paris par Alfred MOLTENI. C’est elle qui projette une lumière vive à travers la petite boîte d’ébénisterie en noyer – le Cinématographe proprement dit – dont l’intérieur semble très élaboré. ]

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Il est possible d’utiliser n’importe quelle lanterne de projection, mais il faut qu’elle possède un système d’éclairage suffisamment puissant pour permettre une image lumineuse et assez grande sur l’écran de la salle. Il faut alors prendre des précautions pour éviter l’inflammation de la pellicule en celluloïd, matière extrêmement inflammable. « Pour remédier à cet inconvénient, on interpose souvent entre le condensateur et la pellicule une cuve contenant une solution d’alun qui absorbe la chaleur de la source lumineuse. Messieurs LUMIERE ont imaginé de supprimer cette cuve et de remplacer le condensateur formé de lentilles de verre par un ballon rempli d’eau. De préférence distillée ou additionnée de quelques gouttes d’acide acétique… Après trente ou quarante minutes de fonctionnement, l’eau contenue dans le ballon entre en ébullition, ce qui n’offre aucun inconvénient. Pour éviter les projections de l’eau en ébullition, il suffit d’y plonger un petit morceau de coke suspendu à l’extrémité d’un fil métallique. »

Lumiere 24  Lumiere 25  Lumiere 23  La caméra LUMIERE sert à la fois pour les prises de vues et la projection – Photos SVV Argenteuil ©*

[ Charles MOISSON, qui a fabriqué au début de 1895 le premier prototype de caméra, d’après le brevet du 13 février, est chargé de tourner la manivelle. L’exemplaire qui a servi pour la première représentation publique est sorti des ateliers de Jules CARPENTIER. Il est disposé sur une sorte de chevalet. La pellicule tombe directement dans un sac placé au dessous. Elle est rembobinée par un petit dévidoir à manivelle dû aussi à l’imagination de Louis LUMIERE.  Enfin au mur se trouver accroché le tableau électrique qui permet de surveiller l’intensité des charbons incandescents de la lampe à arc. ]

Lumiere 26 « Cet ensemble tout neuf, qui donne de si beaux résultats, excite la convoitise ! » Photo SVV Argenteuil ©*

[ L’un des invités, le célèbre illusionniste Georges MELIES, propriétaire du théâtre ROBERT-HOUDIN, demande à Antoine LUMIERE le prix de son appareil. La réponse est nette : « L’invention n’est pas à vendre. Pour vous, elle serait la ruine. Elle peut être exploitée quelque temps comme une curiosité scientifique ; en dehors de cela elle n’a aucun avenir. » Georges MELIES et d’autres invités n’en sont pas persuadés. Ils se demandent déjà comment ils pourront faire de la photographie animée sans les LUMIERE. ]

NB : Les passages entre crochets […] sont extraits de l’ouvrage “Chronique du Cinéma” paru aux Editions Chronique en 2002 – Cliquer ici.

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* Le cinématographe LUMIERE présenté dans cet article fait parti de la collection du Dr Paul GENARD “Les Lumière” qui a été vendue le samedi 5 avril 2014 par Marie-Laure THIOLLET à la Maison de Vente d’Argenteuil (95) contact : 01 34 23 00 00. Expert Christophe GOEURY tél : 01 42 54 16 83.

 

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