Projection de SPECTRES VIVANTS et de FANTOMES au théâtre
Posté par Patrice Guerin le 29 mars 2013
L’apparition de spectres translucides et impalpables est un phénomène – réel ou artificiel - qui existe depuis la plus haute antiquité et fascine les esprits les plus crédules, « Apparition de spectres, Fantômes et Revenants, tels qu’ils ont dû et pu apparaître dans tous les temps, dans tous les lieux et chez tous les peuples » ROBERTSON.
Voir : Fantasmagorie dans l’antiquité
Gravure figurant en frontispice du livre “Mémoires récréatifs scientifiques et anecdotiques” de E.G. Robertson – 1840
Ce type d’illusion a été très utilisé à la fin du XVIIIe siècle et l’on en retrouve des descriptions précises dans les “Mémoires” du physicien Etienne-Gaspard ROBERT dit ROBERTSON (Voir PORTRAITS) qui imagina à l’époque divers spectacles de fantasmagories.
Voir : Spectacle de fantasmagorie ROBERTSON
Tombé en désuétude quand les stratagèmes de ROBERTSON furent dévoilés, ce genre de spectacle revient à la mode dans les années 1850, lorsqu’un illusionniste, Henri ROBIN (1803-1874), présente sur scène l’image de personnages vivants vivement éclairés à la lumière électrique.
Tambour fantôme et Robin – 1852 – Collection Christian Fechner
« Ce fut en 1845 que j’eus l’idée d’une nouvelle invention pour produire ces sortes d’apparitions. Ayant rencontré des obstacles sans nombre à l’exécution, je dus attendre jusqu’en 1847 pour arriver à un résultat satisfaisant. C’est à cette époque que, pour la première fois, je les présentai au public sur les théâtres de Lyon et de Saint-Etienne sous le nom de Fantasmagorie vivante. A mon grand étonnement je fis peu d’effet. Il manquait à ces apparitions pour obtenir l’illusion complète, le perfectionnement que j’y ai introduit depuis. Arrivé enfin à mon but, je les donnai avec beaucoup de succès à Venise, à Rome, à Munich, à Vienne, à Bruxelles, mais comme ces expériences me causaient grand embarras, je me vis forcé de les mettre de côté pendant quelque temps. »
Armoire spirite théâtre Robin – 1867 – Collection Christian Fechner
En 1862 Henri ROBIN crée son propre théâtre situé boulevard du Temple à Paris. Cependant ROBERT-HOUDIN précise que le “truc” des spectres fut imaginé en 1863 par M. PEPPER, directeur du Polytechnic Institution de Londres.
Voir : Ghosts Geister & Fantômes in the theater
En 1863 au Chatelet, cette technique est utilisée dans “Le secret de miss Aurore” puis en 1868, au théâtre de l’Ambigu, des spectres apparaissent lors du dénouement de la pièce intitulée “La Czarine”. Les effets sont réglés par ROBERT-HOUDIN lui-même qui en décrit le processus dans son livre posthume intitulé “Magie et physique amusante” chez Calmann Lévy 1877. « Un savant, M. de Kempelen, dévoué à la czarine, parvient, à l’aide de procédés scientifiques, à déjouer les projets criminels du faux prétendant… et pour achever de le confondre, il annonce qu’il va évoquer l’ombre de Pierre III ».
Pour voir ce livre cliquer ici
Cette gravure se trouve, entre-autres, dans le livre de MOLTENI “Instructions pratiques sur l’emploi des appareils de projection” et en couverture du livre de Julien LEFEVRE “L’électricité au théâtre” – Collection P.G.
L’acteur, placé sous la scène, reçoit un faisceau lumineux très intense provenant d’une grosse lanterne de projection équipée d’un système d’éclairage à arc électrique. Entre lui et la lanterne se trouve une première glace sans tain inclinée à 45° qui fonctionne comme un miroir et renvoie l’image du personnage sur une seconde glace transparente parallèle à la première qui réfléchit cette image vers le spectateur « bien entendu on dissimule les bords de cette glace au milieu de décors et d’accessoires tels que simulacres de roches ou d’arbres ». La salle doit être plongée dans une obscurité totale pour que l’on ne voit aucun reflet sur le miroir afin d’avoir l’impression que le fantôme est réellement sur scène, comme on le voit à l’arrière de celle-ci.
Spectacle vu par les spectateurs
Dans certain cas, la lanterne se trouve sous la scène et le figurant est placé dans une fosse côté spectateurs. Il n’existe alors qu’un seul miroir sur scène, mais le spectre vu par les spectateurs est alors inversé – de gauche à droite – par rapport au figurant. Dans tous les cas, l’éclairage de la scène est réglé de telle manière que l’on puisse voir simultanément le spectre diaphane par réflexion sur la vitre et les acteurs à travers celle-ci, en ayant l’impression qu’ils sont dans le même espace.
Dans ce type de représentation, il n’est pas nécessaire que la lanterne soit mobile car elle ne projette pas une image, mais uniquement un faisceau lumineux
Les puissants régulateurs électriques, dont l’invention est due à monsieur DUBOSCQ dans les années 1850, ont progressivement permis de créer des effets de plus en plus spectaculaires « Le vif éclat de l’arc électrique le rend éminemment propre à fournir sur la scène des théâtres une brillante lumière, susceptible d’être utilisée dans une foule de circonstance ».
Voir : Régulateur à arc électrique FOUCAULT DUBOSCQ – Autres lanternes de projection DUBOSCQ PELLIN
Par la suite ce procédé a bien souvent été modifié pour produire d’autres illusions d’optique tels que le “Décapité parlant” exhibé pour la première fois en Angleterre par le colonel STODARE et les nombreuses imitations qui en ont été faites comme la “Demie-femme”, le “Buste isolé”, la “Femme à plusieurs têtes”, “Stella” etc.
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