Document G.V.
Le 28 octobre 1941, l’ingénieur suisse Rodolphe PECHKRANZ dépose à Genève un brevet concernant un « appareil de projection lumineuse à changement de vues commandé mécaniquement, pneumatiquement ou électriquement, éventuellement à distance ».
Document G.V.
Les principales caractéristiques de ce projecteur est d’être équipé d’un magasin rectiligne contenant un certain nombre de clichés disposés parallèlement les uns à la suite des autres, et de posséder un mécanisme capable de faire avancer le magasin et de projeter automatiquement (ou pas) chaque vue les unes à la suite des autres.
Collection J.P.P.
« Si l’appareil doit fonctionner automatiquement, par exemple s’il est employé dans un but publicitaire, un dispositif compteur provoque périodiquement et automatiquement l’embrayage, chaque fois qu’un laps de temps déterminé et réglable s’est écoulé. » Ce projecteur peut aussi fonctionner en mode semi-automatique à l’aide d’un commutateur / télécommande (manquant et absent des schémas). Pour assurer une projection en continue, le magasin est automatiquement ramené à 0 après la projection de la dernière vue. La télécommande permet aussi d’amener directement le magasin dans la position voulue pour la projection d’un cliché occupant une place déterminée dans le magasin. Un couvercle amovible en forme de cloche, fixé automatiquement lorsqu’on soulève l’appareil, recouvre l’ensemble du mécanisme, hormis l’objectif et le panier visibles à l’avant.
Le système électrique de l’appareil est principalement composé de 4 éléments.
Un transformateur monophasé situé juste au dessus de la soufflerie, permet une alimentation réglable en 125 ou 220v. L’ampoule à baïonnette de petit diamètre – une “Tungsram 110v 200w” sur cet appareil – peut aller jusqu’à 750w, compte tenu de l’important système de refroidissement.
Le transformateur, la lampe, les lentilles et la vue en cours de projection sont refroidies par l’air provenant du ventilateur et dirigé par des canaux appropriés.
Un électro-aimant actionné par la télécommande permet d’embrayer ou de débrayer le passage automatique des vues et le déplacement du panier.
Si l’on retire la plaque de protection située sous le socle de l’appareil, on découvre un câblage assez complexe pour l’époque.
Le système optique se compose d’un certain nombre d’éléments.
Un rideau métallique à déplacement vertical permet de masquer la lumière d’une ampoule à baïonnette de forte puissance, durant les changements des clichés. Devant le rideau (vers la gauche), une combinaison de 4 lentilles planes et convexes permet de focaliser les rayons lumineux et de répartir convenablement la lumière sur l’image à projeter. Un emplacement pour une vue de format 5x5cm est situé juste au dessus du panier. La vue est efficacement refroidie par une cheminée qui amène l’air frais propulsé par le ventilateur.
L’objectif interchangeable se règle à l’aide d’un pas de vis hélicoïdal. Sur celui-ci est inscrit : “Boyer Paris . Rubis F :135 N° 116693”.
Le magasin équipant ce projecteur contient 30 vues format 5x5cm, cependant l’emplacement dans l’appareil, réglable en profondeur, laisse supposer que l’on pourrait introduire des panier de 45 à 50 vues.
Aucune autre référence que la marque ne figure sur l’appareil, si ce n’est le n°72 présent sur plusieurs pièces.
Extrait du catalogue Grenier-Natkin 1954
Dans les années 50 il y a peu de traces de ce projecteur très “haut de gamme”, cependant le catalogue “Photo Ciné Labo Guide” Grenier-Natkin* de 1954 le présente sous l’appellation “AUDAX-FOCA”. Il peut être équipé d’objectifs allant de 50 à 200 mm. Son coût est de 178.385 Frs, soit plus de 10 fois le prix du Kodak Junior N°1 (15.600 Frs) et plus de 4 fois le prix du Super-Versailles III qui est pourtant un projecteur haut de gamme. Cependant, à l’époque, aucun projecteur de diapositives ne comporte de panier et de système automatique de passage des vues.
A la même époque, deux américains déposent un brevet pour le projecteur le plus simple et le plus économique qui n’ait jamais existé jusqu’alors !
Voir : Le COMICSCOPE et les B.D. américaines des années 40
———————
* La marque Grenier-Natkin est déposée au greffe du Tribunal de Commerce de Paris, le 22 janvier 1954 (n°438 312) par Grenier et Cie (sarl), 27, rue du Cherche-Midi et par Studios Natkin (sarl)15 av. Victor Hugo, Paris. Avant cela chacun de ces hommes a un long parcours dans la photographie. On comprend mieux la présence du projecteur AUDAX-FOCA dans leur catalogue de 1954, lorsque l’on sait qu’en 1939 le duc DE GRAMONT invite Gaston GRENIER à collaborer avec son bureau d’études pour la création d’un appareil français de petit format, le Foca.