Une école de village au milieu du XIXe siècle. Tableau de Albert ANKER (1831-1910). Source : diapositive pédagogique Diastrex années 60.
Un grand mouvement d’éducation populaire, la “Ligue française de l’Enseignement”, est créé en 1866 par Jean MACE (voir PORTRAITS) dans le but de promouvoir l’école « gratuite, obligatoire et laïque ». Avec l’arrivée de Jules FERRY (1832-1893) au ministère de l’Instruction Publique et des Beaux-arts, et sous l’influence d’autres membres de la Ligue, le Parlement vote plusieurs lois scolaires fondamentales : gratuité de l’enseignement primaire le 16 juin 1881, obligation et laïcité le 28 mars 1882.
“L’instruction c’est la lumière” gravure caractéristique du mouvement d’enseignement populaire qui s’est développé durant la IIIe République. Imprimerie Leriche 1885. De chaque côté du temple de la connaissance surmonté par la locution “Fiat Lux*”, se trouvent les étendards des Associations ouvrières, Chambres syndicales, Sociétés coopératives, Sociétés de sauveteurs, Franc-maçonnerie, Ligue de l’Enseignement, etc. Source : diapositive pédagogique Diastrex années 60.
En Grande-Bretagne, un mouvement d’aide aux enfants déshérités “Band of Hope” s’est développé à partir du milieu du XIXe siècle.
Voir : Band of Hope – temperance slides
En 1886, plus du tiers des députés et des sénateurs français sont membres de la Ligue de l’Enseignement. Toutefois, les lois scolaires ne sont pas toujours appliquées.
« Tandis que dans les pays voisins, en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, les projections sont d’un usage courant dans l’enseignement, en France elles n’ont qu’une application restreinte ; on dirait que l’Université a peur de la ridicule lanterne magique ! ». Manuel pratique de la lanterne de projection, par H. FOURTIER 1889 (voir PORTRAITS). Une trentaine d’années avant cette déclaration, l’abbé MOIGNO (voir PORTRAITS) fut l’un des premiers conférenciers à utiliser un appareil de projection.
Voir : L’abbé MOIGNO et la vulgarisation scientifique – Projection éducation populaire - L’arrivée des CONFERENCES ILLUSTREES à l’école, d’après René LEBLANC
Créée initialement pour instaurer l’école publique laïque et gratuite pour tous, la Ligue s’active ensuite à développer l’éducation hors de l’école – qui prendra par la suite le nom d’œuvres post-scolaires. Jean MACE affirme en 1894 « Parce qu’on a conquis l’Ecole, est-ce bien le moment de se croiser les bras ? Entre l’Ecole et le Régiment, l’adolescent traverse une période où la Loi ne l’atteint plus ».
Ce grand mouvement d’éducation va se développer partout en France et dans les Colonies par le biais de nombreux “Cercles” locaux, reconnus d’utilité publique. Vers le milieu des années 1870, il existe plus de 200 sociétés et associations de toutes sortes (cercles politiques, d’éducation populaire,…) affiliés à la Ligue, regroupant plus de 30 000 adhérents. Ce mouvement connait un tel succès qu’il inspirera au gouvernement la loi de 1901 sur les associations.
Voir : La Société Nationale des Conférences Populaires - Aux origines des syndicats et de l’Enseignement Populaire
Quelques fabricants, tels que MOLTENI ou LAVERNE, commencent à mettre au point des lanternes de projection, bien plus puissantes et pratiques que les traditionnelles lanternes magiques. Associés à divers conférenciers, monsieur MOLTENI (voir PORTRAITS) participe à de très nombreuses projections à travers la France, sur les sujets les plus variés.
Voir :Enseignement par les projections lumineuses MOLTENI et MEUNIER - Lanternes de projection scolaires à deux usages LAVERNE
« A l’occasion du passage à Paris des directeurs et directrices d’écoles normales et des inspecteurs primaires réunis en congrès pédagogique, le ministre de l’instruction publique a décidé qu’une séance de projections photographiques appliquées à l’enseignement (géologie, botanique, minéralogie, architecture, etc.) serait donnée dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, le 30 mars 1880. Cette séance, qui avait attiré une grande affluence, a offert le plus vif intérêt. Un des professeurs d’un grand établissement scientifique* a accompagné d’explications techniques les sujets scolaires qui étaient mis sous les yeux des assistants. » Source : L’Univers Illustré n°1307 du 10 avril 1880.
* Voir : Enseignement par les projections lumineuses MOLTENI et MEUNIER
Après la mort subite de Jean MACE, en décembre 1894, Léon BOURGEOIS (1851-1925) préside la Ligue avant de devenir Président du Conseil le 1er novembre 1895 (c’est à dire chef du gouvernement). Au congrès du Havre, qui se déroule en 1895, celui-ci confirme qu’il est nécessaire de doter le pays d’un ensemble d’institutions auxiliaires et complémentaires à l’école telles que « les cours de perfectionnement pour adultes, les bibliothèques, les cercles et les sociétés de lecture populaire, enfin les divers modes de patronage de l’enfant avant, pendant et après l’école ».
Voir : APRES L’ECOLE : revue éditée par la librairie E. CORNELY
Fête organisée par la Ligue de l’Enseignement, en juin 1904 en l’honneur de l’enseignement primaire et présidée par Emile LOUBET, président de la République. Départ du cortège au pied du Trocadéro.
La séparation des Eglises et de l’Etat, en 1905, oblige les catholiques à réorganiser les structures cléricales pour des motifs financiers et pastoraux. Il existe une véritable émulation entre les organisations laïques des œuvres postscolaires et parascolaires et les œuvres religieuses. Dans les années 1905-1907, l’essor rapide de la “Société Républicaine des Conférences Populaires” amène les catholiques à répliquer avec “l’œuvre Diocésaine des Conférences Populaires”.
Dans les années 20, la Ligue se restructure. Le principe fédératif est introduit dans l’organisation. Elle prend alors le nom de « Confédération générale des œuvres laïques scolaires, postscolaires, d’éducation et de solidarité sociale ».
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* Fiat Lux est une locution latine figurant au début de la Genèse. Il s’agit de la première parole divine associée à la création du monde, pouvant être traduite en français par « Que la lumière soit ».