Bougies de suif ou stéarique
Posté par Patrice Guerin le 26 septembre 2011
« Durant des siècles, la noblesse et le clergé s’éclairaient avec des cierges en cire d’abeille, laissant au peuple l’éclairage au suif. »
Le suif provient de la graisse d’animaux, principalement le mouton et le bœuf. Cette graisse est fondue dans des chaudières puis soutirée et filtrée dans des paniers en osier dans lesquels on laisse la matière refroidir.
Pour fabriquer les chandelles, le suif est fondu dans des moules en étain dont l’axe est muni d’une mèche en coton. Celle ci est composée de deux fils de coton et d’un fil de chanvre torsadés.
En brûlant, la chandelle en suif répand une mauvaise odeur et de la fumée, de plus le suif coule très facilement et tache les objets qu’il touche. La mèche ne se consume pas entièrement, elle charbonne, ce qui diminue l’éclat de la flamme, il faut donc la couper régulièrement avec des mouchettes.
La bougie, inventée par Eugène CHEVREUL (1786-1889) en 1825, est fabriquée avec une matière blanche, appelée stéarine, que l’on extrait des matières grasses, principalement du suif. Une opération chimique permet de débarrasser le suif du composé liquide qu’il renferme, l’acide oléique, auquel celui-ci doit tous ses inconvénients : extrême fusibilité, mollesse et mauvaise odeur.
Monsieur Jules Louis Leonard CAMBACERES (1798-1863) dépose un brevet d’invention de 15 ans le 10 février 1835 « pour l’emploi des acides stéarique, margarique et oléique, à la fabrication des bougies appelées “Bougies Oxigénées” ». Il améliore la combustion en fabriquant une mèche nattée de trois fils de coton à la place des mèches d’étoupe ou de chanvre tressée.
Monsieur DE MILLY(1799-1876) est un gentilhomme que la révolution de 1830 avait contraint à changer de vie, et qui avait opté pour l’industrie. Le 23 décembre 1836, il achète les brevets de monsieur CAMBACERES et imagine d’imprégner celle-ci d’acide borique, ce qui rend inutile l’opération du mouchage. C’est à lui que l’on doit la production manufacturière – industrielle dirait-on aujourd’hui – de la bougie stéarique, qu’il débute en 1831 avant de la propager dans toute l’Europe.
La fabrication se fait dans des moules munis chacun d’une mèche, qui sont placés sous une cuve dans laquelle on chauffe la stéarine. Après refroidissement on démoule les bougies qui sont jaunâtres puis elles sont blanchies par simple exposition à l’air.
L’avantage de cette bougie, c’est qu’elle n’a pas d’odeur et ne fume pas. Sa mèche se consume entièrement ce qui permet d’avoir une flamme plus lumineuse.
Voir : La bougie dans les lanternes magiques – Lampe “ECLIPSE” pour conférencier
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* La société DENIS, située à Cugand (85), fabrique la bougie “La Française” depuis 1902. En 1989, le groupe Devineau rachète la société DENIS S.A. et choisi la marque historique “Bougies la Française” comme raison sociale.
Très intéressant !
Merci pour ce texte.
Bonne journée
Cordialement
Anne
Dernière publication sur Je me SOUVIENS... : FRERES ennemis etc...
bonjour,
je viens vers vous car je suis à la recherche d’une chandelle à base de suif ?
pour l’exposer sur mon atelier « histoire de l’éclairage » sur les fêtes
médiévales.
pouvez vous m’indiquer comment la fabriquer ou m’en procurer ?
merci de votre réponse.
cordialement.
ps : votre article est très intéressant et instructif.