Une visionneuse publique, la lanterne magique électrique
Posté par Patrice Guerin le 22 septembre 2011
« Depuis quelques années, l’emploi des distributeurs automatiques a pris un développement considérable. On voit un peu partout dans les rues ou les salles d’attente de nos gares, de ces appareils, qui ont le grand avantage de ne nécessiter aucun employé et d’être dignes de la confiance la plus absolue. Ici ce sont des balances qui donnent votre poids, à côté voici des appareils qui vous électrisent ou mesurent votre force, plus loin de petites boîtes vendent à juste prix du chocolat, du nougat ou des flacons de parfums ».
En janvier 1889, Victor BONNET, Hippolyte LISSAGARAY, Armand RICHARD et Alfred RICHARD déposent un brevet concernant un “Mécanisme automatique pour la mise en scène de stéréoscopes, dioramas et lanternes magiques”. Document G.V.
« Les systèmes automatiques ayant rencontré la faveur du public, voici un nouvel appareil montrant aux passants curieux une série de dessins d’actualité en échange d’un gros sou. Ce sont les “lanternes magiques électriques” que l’on voit déjà dans divers points de Paris, au jardin des Tuileries, au Grand Hôtel et dans quelques salles de spectacle ».
Dans le brevet, on peut lire que « la boîte ou l’enveloppe de l’appareil, en bois ou matière quelconque, peut affecter les formes et dimensions les plus variées, et être décorée ou ornementée de toute façon convenable. Intérieurement elle reçoit et supporte tout le mécanisme nécessaire au fonctionnement de l’appareil ». Le schéma ci-dessus à droite montre que les photographies, images, télégrammes ou autres textes peuvent se placer sur des châssis qui peuvent tourner sur eux-mêmes, plutôt que d’être mis en chapelet les uns à la suite des autres.
La forme particulière et décorative de la borne permettait de la reconnaître de loin.
« L’ensemble est haut d’environ 2m16. Une console métallique supporte une boîte carrée à pans coupés ; au centre de la face avant se trouve une lentille grossissante de 14 cm de diamètre située à la hauteur d’un enfant de dix ans. Sous cette boîte se trouve un petit cartel indiquant « mettez une pièce de 10 centimes » à côté d’une fente pour glisser la pièce. Au dessus de la lentille se trouve un soleil rayonnant flanqué de deux petits enfants assis, tenant, l’un une pièce de 10 centimes, l’autre une glace. L’électricité est fournie par neuf piles constantes placées dans le bas de l’appareil.
Chaque jour les dessins sont changés, c’est comme un journal quotidien illustré. Lorsque vous glissez les 10 centimes dans la fente, l’intérieur de l’appareil s’éclaire aussitôt et l’on entend un petit bruit de roues faisant défiler une série de 7 dessins passant de bas en haut, chacun d’eux s’arrêtant le temps nécessaire pour bien le voir. « L’autre jour, par exemple, c’était M. Hertestein sur son lit, la reproduction d’un tableau “Dans les glaces”, un autre tableau de Danforth, un portrait de M. de Vogüé, ceux de MM. de Giers et Gondinet et enfin la catastrophe de Misengrain ».
SOURCE : CNAM – Conservatoire NUMérique
Extrait de La nature, 1er semestre 1889
A la même époque Thomas EDISON dépose, en octobre 1888, une demande de brevet pour créer un dispositif qui « donnerait aux yeux, ce que le phonographe donnait aux oreilles ». Celui-ci est complété, en mars 1889, par un autre brevet pour un système appelé “Kinétoscope” dans lequel « nous pourrons y voir une pièce jouée à l’opéra comme si nous y étions ! ». Sa rencontre avec Emile REYNAUD, lors de l’Exposition Universelle de 1889 à Paris, lui permet de mettre définitivement au point son invention… une sorte de grosse visionneuse publique dans laquelle on peut voir un film animé de quelques minutes pour 25 cents.
Voir : Visionneuse MONOCLE ou MAGNASCOPE avec plaques de projection MAZO
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.