FLORIAN “le Singe qui montre la Lanterne Magique”
Posté par Patrice Guerin le 6 décembre 2010
“Le Singe qui montre la Lanterne Magique” est une fable écrite à la fin du XVIIIe siècle par Jean-Pierre Claris de FLORIAN (voir PORTRAITS).
Voir : Livres des fables de FLORIAN
Cette fable a été à l’origine de très nombreuses illustrations réalisées principalement entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle : gravures, chromos, planche d’Epinal, char de carnaval, livres scolaires, boîte d’allumettes, etc.
Voir : Lanterne magique carnaval d’Aix – Les images d’Epinal et la lanterne magique - Lanterne magique carrée en fer blanc
Messieurs les beaux esprits dont la prose et les vers Sont d’un style pompeux et toujours admirable, Mais que l’on n’entend point, écoutez cette fable,
Et tâchez de devenir clairs.
Un homme qui montrait la lanterne magique
Avait un singe dont les tours
Attiraient chez lui grand concours.
Jacqueau, c’était son nom, sur la corde élastique
Dansait et voltigeait au mieux,
Puis faisait le saut périlleux,
Et puis sur un cordon, sans que rien le soutienne,
Le corps droit, fixe, d’aplomb,
Notre Jacqueau fait tout du long
L’exercice à la prussienne.
Un jour qu’au cabaret son maître était resté
(C’était, je pense, un jour de fête),
Notre singe en liberté
Veut faire un coup de sa tête.
Il s’en va rassembler les divers animaux
Qu’il petit rencontrer dans la ville ;
Chiens, chats, poulets, dindons, pourceaux,
Arrivent bientôt à la file.
Entrez, entrez, messieurs, criait notre Jacqueau,
C’est ici, c’est ici qu’un spectacle nouveau
Vous charmera gratis.
Oui, messieurs, à la porte
On ne prend point d’argent ; je fais tout pour l’honneur.
A ces mots, chaque spectateur
Va se placer, et l’on apporte
La lanterne magique ; on ferme les volets,
Et par un discours fait exprès Jacqueau prépare l’auditoire.
Ce morceau vraiment oratoire
Fit bâiller, mais on applaudit.
Content de son succès, notre singe saisit
Un verre peint qu’il met dans sa lanterne.
Il sait comment on le gouverne,
Et crie, en le poussant : Est-il rien de pareil ?
Messieurs, vous voyez le soleil,
Ses rayons et toute sa gloire.
Voici présentement la lune, et puis l’histoire
D’Adam, d’Ève et des animaux …
Voyez, messieurs, comme ils sont beaux !
Voyez la naissance du monde ;
Voyez … Les spectateurs, dans une nuit profonde,
Écarquillaient leurs yeux et ne pouvaient rien voir,
L’appartement, le mur, tout était noir.
Ma foi, disait un chat, de toutes les merveilles
Dont il étourdit nos oreilles,
Le fait est que je ne vois rien.
Ni moi non plus, disait un chien.
Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose
Mais je ne sais pour quelle cause
Je ne distingue pas très bien.
Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne
Parlait éloquemment, et ne se lassait point.
Il n’avait oublié qu’un point :
C’était d’éclairer sa lanterne.
Voir : Le Singe Montrant la Lanterne Magique
Une savoureuse interprétation de cette fable, sur disque 78t 25cm, a été donnée par Jacques Charon CLIQUER ICI
I’ve recently started a blog, the information you provide on this site has helped me tremendously. Thank you for all of your time & work.